Symposium Nature, Climat et Genre Jour 3 : Construire des mouvements et des voies d'avenir

Session 5 : Financer l'action climatique en faveur du genre – Déplacer le pouvoir et les ressources
Intervenants :
- Ali Raza Rizvi (UICN)
- Kerry Max (Affaires mondiales Canada)
- Juan Carlos Ramos (ÉcoAgriculture)
- Veronica Zubia (Initiative financière du PNUE)
La cinquième session a exploré les obstacles structurels et les opportunités du financement climatique, soulignant la nécessité d'une évolution des systèmes de financement pour soutenir un impact inclusif et durable. L'un des points clés a été la complexité de l'harmonisation des diverses priorités, des donateurs et investisseurs privés aux gouvernements et aux communautés. Si les communautés locales ont souvent des visions claires et solides de la résilience climatique, les programmes des donateurs et les priorités de financement ont tendance à évoluer, parfois sous l'effet de préoccupations liées à la biodiversité, d'intérêts commerciaux ou d'objectifs politiques nationaux. Les acteurs du secteur privé, quant à eux, recherchent des rendements parfois difficiles à concilier avec les délais plus longs nécessaires à un changement inclusif et communautaire.
Pour y parvenir, les intervenants ont souligné l'importance de se concentrer non seulement sur les résultats, mais aussi sur les processus qui permettent d'obtenir des résultats à long terme. Pour réussir, les initiatives doivent gérer les tensions inhérentes aux différents calendriers – ceux des communautés, des donateurs et du secteur privé – et veiller à ce que le rythme d'un groupe ne compromette pas les progrès d'un autre.
Des arguments convaincants ont été avancés en faveur d'une approche systémique du financement. Plutôt que de cibler des secteurs isolés ou des interventions ponctuelles, des stratégies à l'échelle du paysage ont été recommandées. Ces approches reconnaissent l'interdépendance de l'agriculture, de la conservation, des infrastructures et de la gouvernance sociale. De telles stratégies nécessitent des investissements délibérés dans des conditions favorables telles que les structures de gouvernance locale, les partenariats et la planification à long terme.
Les intervenants ont également souligné l'exclusion persistante des peuples autochtones, des femmes et des communautés locales de l'accès direct au financement climatique, alors même que ces groupes jouent un rôle essentiel dans la protection de la biodiversité et l'adaptation au changement climatique. Parmi les principales recommandations figuraient l'adoption d'approches fondées sur les droits, la simplification des processus financiers, la protection des défenseurs de l'environnement et la reconnaissance de la pleine valeur des savoirs traditionnels et du vécu. Accorder une place au leadership communautaire dans la prise de décision n'est pas seulement une nécessité éthique, c'est essentiel pour un impact réel.
Ce changement d'orientation nécessite une nouvelle méthode de mesure du succès, qui valorise la participation, l'équité et le renforcement des capacités, parallèlement aux indicateurs traditionnels comme la réduction des émissions de carbone et la conservation des terres. Les projets ne doivent pas être jugés uniquement sur les résultats qu'ils produisent dans des délais courts, mais sur leur capacité à jeter les bases de la résilience sur la durée.
Vidéo: Maman de la forêt
Vidéo: Présentation Hélice Turismo
Session 6 : Des projets aux mouvements
Intervenants :
- Anita Tzec (UICN)
- Zahid Amin (BothENDS/Uttaran/CEGIS)
- Rod Braun (Conservation International)
- Flore Adidjatou Pounpouni (Formation des Inades Togo)
- Agnes Leina (Préoccupations de la communauté d'Illaramatak)
La dernière session thématique s'est concentrée sur la nécessité d'aller au-delà des interventions à court terme pour bâtir des mouvements de justice climatique durables. Un thème récurrent était que les véritables mouvements naissent non pas d'une planification imposée par le haut, mais de l'expérience vécue des communautés confrontées aux menaces climatiques. Dans des régions comme le sud-ouest du Bangladesh, ce qui était au départ des initiatives hyperlocales s'est transformé en initiatives de grande envergure qui touchent aujourd'hui des dizaines de milliers de personnes, portées par la confiance, la persévérance et un leadership interne.
Dans tous les contextes, les femmes mènent des actions en faveur du climat. Du suivi des indicateurs environnementaux à la restauration des écosystèmes, leur expertise est essentielle. Pourtant, elles continuent de se heurter à des obstacles pour accéder aux ressources, aux plateformes et à l'influence. Les intervenants ont souligné la nécessité d'investir directement dans les initiatives menées par les femmes, plutôt que de passer uniquement par des ONG ou des intermédiaires, et de soutenir les solutions communautaires à grande échelle.
Les savoirs traditionnels et autochtones sont apparus comme une autre force vitale. Au Ghana, par exemple, les initiatives nationales en faveur du climat sont enrichies lorsque les chefs traditionnels et les détenteurs de savoirs sont reconnus comme des contributeurs à part entière. L'intégration de ces savoirs aux cadres scientifiques et politiques renforce à la fois la légitimité et l'efficacité des interventions.
Les intervenants ont remis en question le discours sur la marginalisation, soulignant l'action et l'innovation des communautés, notamment des femmes et des peuples autochtones. L'action climatique ne doit pas se résumer à l'aide aux victimes, mais à un partenariat avec des leaders qui proposent déjà des solutions dans leurs propres contextes.
L'intensification de ces efforts nécessite un financement au niveau des infrastructures et un alignement stratégique avec des cadres politiques plus larges, tels que les plans nationaux d'adaptation et les stratégies régionales. Les actions profondément locales gagnent en puissance et en durabilité lorsqu'elles s'inscrivent dans des systèmes plus larges de gouvernance et de soutien.
Vidéo: Présentation de l'organisme luthérien canadien World Relief
Réflexions finales
Intervenants :
- Wendy C. Atieno (UICN)
- Enni Kallio (UICN)
Pour clôturer la journée, les participants se sont réunis en petits groupes pour partager des réflexions créatives sur leur parcours collectif. À l'aide de métaphores inspirées de la nature, ils ont identifié leurs « super-pouvoirs » de changement : les abeilles et les fourmis symbolisaient la force de l'effort collectif et la persévérance citoyenne. La collaboration, la création de mouvements et la résilience sont ressorties comme des thèmes dominants.
Les participants ont également partagé des outils de changement, soulignant que les cadres juridiques constituent des mécanismes garantissant l'accès à l'information, la participation du public et la protection des défenseurs de l'environnement en Amérique latine et dans les Caraïbes. Un appel pressant a été lancé aux gouvernements pour qu'ils ratifient et mettent en œuvre ces accords, garantissant ainsi la prise en compte des voix de première ligne dans les décisions climatiques.
La session s'est clôturée par un ensemble d'impératifs clairs pour l'avenir : financer directement les communautés, respecter et intégrer les savoirs traditionnels, adopter des approches intersectionnelles et amplifier les mouvements plutôt que de se contenter de multiplier les projets. Des investissements à long terme et à grande échelle sont essentiels pour répondre à l'urgence et à la complexité de la crise climatique.
La modératrice Wendy a rappelé une dernière fois que l'inclusion ne se résume pas à atteindre des objectifs chiffrés, mais qu'il s'agit de comprendre les contextes locaux, de transférer le pouvoir et de garantir un engagement significatif. Le symposium s'est conclu par un message d'espoir et de détermination, ancré dans un engagement commun en faveur de la collaboration et de la solidarité.
Lors des derniers mots, le sentiment était clair : notre force collective réside dans la communauté. Grâce à la confiance, à une vision commune et à une action soutenue, nous pouvons passer de la fragmentation à la transformation, étape par étape.
Explorez l'enregistrement complet des sessions pour des informations plus approfondies et des recommandations concrètes :
Symposium Nature, Climat et Genre (Anglais) – Jour 3, partie 1
Symposium Nature, Climat et Genre (anglais) – Jour 3 partie 1
Simposio Naturaleza, Clima y Género (español) – Jour 3 partie 1
Diapositives PowerPoint du jour 3 (anglais)